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Traumatisme et éveil spirituel

Dernière mise à jour : 3 avr. 2022



Il y a différentes manières de rendre compte de la réalité et du contenu de nos expériences psychiques, selon que nous nous référons à une perspective spirituelle ou à une conception psychologique. Les deux visions ne sont en fait pas contradictoires. Elles pointent toutes les deux vers un centre qui se situe à la confluence des deux démarches. L’intention de ce partage est de mettre en évidence les convergences entre le cheminement vers ce qu’il est courant de nommer éveil spirituel et les approches de résolution du traumatisme tels que nous les mettons en œuvre dans les sessions individuelles et collectives de thérapie.


Que cela nous réjouisse ou non, le traumatisme est une composante essentielle de l’expérience humaine – et plus généralement, même si cela serait trop long à aborder ici, de toute expérience de la forme. Celui-ci peut en effet, et nous allons esquisser quelques éléments qui tenteront d’en rendre compte, être considéré comme l’origine de la plupart des expériences de souffrances psychologiques, de déconnexion au flux de la vie et même d’un certain point de vue le substrat autour duquel s’agrège l’ego tout entier.


Le traumatisme psychique, psychotraumatisme, ou traumatisme psychologique, est l’ensemble des dommages d’ordre psychologique résultant d’un événement dramatiquement subi ou de toute forme de violence, éprouvée physiquement ou moralement. Il s’exprime particulièrement dans la vie quotidienne par un trouble de stress post-traumatique dans lequel des éléments anodins, mais soudainement associés à l’événement premier, se transforment en stress. Le traumatisme psychique peut bien entendu parfois s’accompagner d’un traumatisme physique. Mais en soi le traumatisme physique trouvera d’autant plus vite et bien sa résolution physiologique si le processus naturel et spontané n’est pas entravé par des enjeux psychologiques superflus.


Les causes possibles du traumatisme sont diverses : perte d’un être proche, viol ou autre abus sexuel, harcèlement moral, violence conjugale, endoctrinement, victime de l’alcoolisme, menace ou témoin d’un événement traumatisant, particulièrement durant l’enfance. Des événements naturels tels que les séismes et éruptions volcaniques, les guerres ou autres violences aggravantes peuvent également contribuer à un traumatisme psychique. Une exposition à long terme à des situations telles que la pauvreté ou autres formes d’agression, comme les humiliations et agressions verbales, peuvent être traumatisantes.


Il faut enfin souligner que tous les individus ne sont pas susceptibles de formes et d’intensité de traumatisme identiques. La vulnérabilité psychologique varie individuellement, étant liée à l’histoire personnelle ainsi qu’au traumatismes antérieures non résolus.


Les traumatismes ne sont par ailleurs pas simplement personnels, mais peuvent résulter d’expériences collectives, transgénérationnelles et même transpersonnelles. Des expériences effectuées récemment en laboratoire sur des mammifères ont ainsi montré que les traces d’un événement traumatique pouvaient être transmises sur de nombreuses générations à des sujets qui n’avaient pas éprouvé l’expérience initiale de débordement, mais continuaient à manifester les signes du stress post traumatique (délenchement de suées, accélération du rythme cardiaque, tremblement, figement…) en présence du stimulus initial.


Ce que nous appelons un traumatisme c’est donc en termes très simplifiés une expérience que nous pourrions résumer en ces termes : « Trop, trop vite et trop fort ! » par rapport aux capacités psychiques et physiques de l’organisme qui l’expérimente. Ainsi le caractère traumatique ne réside-t-il pas tant dans les faits objectifs que dans la manière dont ceux ci ont été subjectivement vécus en fonction de l’histoire et de la capacité résilience de l’individu concerné.


Lorsqu’un événement survient et que nous n’avons la possibilité ni de fuir, ni de combattre, le système va se figer. L’énorme charge énergétique mobilisée afin de faire face à la situation est brusquement freinée, bloquée et stockée dans le système énergétique de la personne, très concrètement dans le système nerveux du corps qui est le pendant physique dense du corps subtil d’énergie (tel que décrit dans les textes tantriques indiens ainsi que dans les traités de médecine taoïste chinois).


Si elle n’est pas déchargée cette somme colossale d’énergie de survie va restée endiguée dans le système, comme un courant de vie qui serait coupée de sa source et continuerait à tourner en rond sans plus être accessible au reste de l’organisme. Cette énergie est ainsi stockée sous la forme de multiples micro-vortex traumatiques, séparés de l’unité organique de la personne, comme les parties d’âmes errantes que le shaman des cultures traditionnelles s’évertue à aller chercher et à rassembler lors des cérémonies de guérison. Ces parts d’âme perdues que sont les vortex traumatiques demeurent enfermées et figées dans le passé de l’événement, au niveau de la conscience reptilienne qui vit et revit sans discontinuité, l’événement traumatique. Le cerveau reptilien n’a en effet aucune notion de temps d’espace, il vit dans l’immédiateté d’un présent sans histoire ni projection, soumis au conditionnement du corps vital et aux jeux des stimuli-réactions.


Le processus de résolution consiste alors pour le thérapeute à faciliter l’auto-guérison du sujet, en permettant la reconnexion de toutes les parties fragmentées du système vital. Car ce n’est jamais le thérapeute ou le patient qui guérit quoi que ce soit,c’est l’intelligence de la vie a laquelle le corps va, avec les ressources adéquates, pouvoir se reconnecter qui va remettre en fonctionnement le processus naturelle de réintégration. C’est la Vie qui se guérit elle-même. Le thérapeute ou la relation occasionnelle d’aide n’est là que pour permettre au patient de se reconnecter à la source vivante par laquelle le processus naturel de guérison se remet spontanément en oeuvre.


Alors quel est la relation entre résolution des traumas et éveil spirituel ?

Pour faire simple, ll’ensemble de nos traumas non conscientisés participent à la cristallisation de l’illusion egotique d’un sujet séparé et d’un monde qui nous serait extérieur. Autrement dit, l’ego n’est constitué que de l’ensemble de ces formes pensées traumatiques agrégées, ces mémoires d’agression qui se consolident en un fantasme de personne qui possèderait une volonté propre et un ensemble d’attachements et de rejets. Ces sankaras tissent au fil des cycles karmiques une toile déformante et conditionnante qui perpétue les blessures et souffrances de vie en vie, nous enfermant dans des scénarios répétitifs d’attachement et de rejet.


A contrario lorsque qu’au fur et à mesure que le processus thérapeutique permet la reconnaissance et la réintégration des énergies bloquées dans les vortex traumatiques, des compréhensions, émotions et expériences inédites émergent, chacune d’entre elles nous permettant de nous tendre asymptotiquement vers la reconnaissance de la Source que nous sommes en réalité (peu importe le terme employé, chaque tradition utilise ses métaphores : le Soi, la Vie, Dieu, Paramshiva, le Grand Esprit…). Ces ouvertures se révèlent comme des percées de lumière, d’amour et de gratitude dans le ciel nuageux de la conscience communément obscurcie par les résidus karmiques. Au fur et à mesure que les conditionnements reconnus et intégrés se font plus existentiels, des synchronicités, des visions et des miracles de plus en plus impressionnants surviennent dans la vie de la personne, des coïncidences inexpliquées, des visions prescientes, des expériences de clairvoyance et de télépathie, puis des percées dans des réalités alternatives, des rencontres avec des êtres d’autres trames, d’autres rêves…


Il y a ainsi une convergence évidente entre ce concept contemporain de traumatisme tel que nous l’utilisons en thérapie et le concept indien de sankara qui dans la tradition bouddhiste décrit ces traces résiduelles de nos expériences qui déterminent nos avidités et aversions et entretiennent la roue karmique des réincarnations. Au fil des multiples drames, tragédies, souffrances de nos histoires personnelles, familiales, générationnelles, nous portons tous en tant qu’humains de multiples traces traumatiques, que nous en soyons conscient ou non.

Cela peut apparaitre surprenant, mais il est très courants d’observer comment la guérison d’une problématique traumatique agit de façon récursive et virale à la fois sur la descendance biologique et karmique, mais également sur l’ascendance. Lorsque la vision commence à s’ouvrir, ce phénomène devient tou5 à fai5 naturel, ca4 il nes5 en réalité aucune temporalité linéaire, en un sens les événements de toutes les vies surgissent toutes dans le même instant, c’est le mental rationnel et apeuré qui construit une linéarité et un sens du déroulement temporel qui n’a aucune réalité fondamentale. La nature essentielle de l’esprit et du rêve du réel peut alors être expérimentée comme une toile mettant en relation toutes les expériences de tous les temps, lieux et univers, sur laquelle il est possible de circuler dans toutes les directions et dans tous les sens.


De la même façon, donc, que porter des sankaras est synonyme d’être en état d’incarnation dans le cycle du karma, nous pourrions dire qu’être traumatisé est la caractéristique de l’état d’humanité. Certains pretendent que les animaux et les plantes et les minéraux ne pourrait pas être traumatisés, car ne possédant pas de cerveau cognitif ni dego, mais c’est la une compréhension très anthropomorphique. Nous pourrions parler de traumatisme collectif ou spécifique, et l’évolution, au sens darwinien, n’est peut-être finalement que l’histoire de la profusion et de la diversité des modes adaptatifs de survie que les vivants adoptent pour gérer les expériences de débordement qu’ils ont rencontrés tout au long des millions voire des milliards d’années d’expériences éprouvées.


En synthèse le traumatisme est la condition de notre existence spécifique et personnelle, et se libérer des traumatismes c’est se reconnecter à la source indivise de toute vie. Comme se libérer des résidus sankariques nous fait sortir du cycle des réincarnations dans la tradition bouddhiste, la guérison des traumas nous reconnecte progressivement à la Vie en tant que totalité qui choisit de s’éprouver elle-même à travers l’infinie diversité des formes imaginables.

Le traumatisme est donc un enfermement, tout comme le sankara, qui entretient une vision partielle et étriquée de la réalité, comme un filtre qui vient s’interposer entre la conscience qui serait sans ceux-ci absolue, omnisciente et omnipotente, et inconditionnellement aimante.

C’est en réalité une illusion de croire qu’un jour nous pourrions en avoir définitivement terminé avec tout besoin d’accompagnement psychologique. Notre condition humaine réside essentiellement en l’acceptation de notre finitude, ce même d’autant plus que nous sommes très éveillés aux vérités spirituelles. Nous pouvons expérimenter une plus ou moins large capacité de résilience, mais il n’en reste pas moins que nous rencontrerons toujours des limites. Les limites de cette capacité à intégrer les événements extérieurs nous amènerons toujours en des lieux de blessures qui nécessiteront de recourir à un soutien thérapeutique. En un sens, cette limite est fondamentalement ce qui nous rappelle à notre humilité et à notre interdeéendance. Personne ne se sauve seul. Même les différentes expériences d’ouverture de conscience demeurent sur un certain plan des expériences relationnelles !


En téhrapie nous travaillons à la fois en dynamique groupale et en séances de consultations individuelles pour permettre aux personnes de se libérer progressivement du tissu d’illusion qui perpétue la souffrance et l’enfermement dans les processus scénaristes vies après vies. Progressivement le ciel se dégage et de nouveaux horizons de possibilités, nous rapprochant pendulation après pendulation de la source sans qualité ni limite, de l’expérience de la Conscience, pure et libre de toute détermination, le seul désir d’être. La Vie.


Le principe de la réparation consiste en la reconnexion de chaque blessure avec sa ressource correspondante. Il y a en effet comme une dualisation de l’énergie bloquée qui pour chaque vortex traumatique qui est créé, met en place conjointement un vortex thérapeutique, une énergie de guérison potentielle qui est elle aussi refoulée dans l’inconscient jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau mise en relation avec son corrélat traumatique. Sur un plan cognitif c’est un peu comme si chaque croyance limitante pouvaient rencontrer la croyance exactement opposée pour que les deux mouvements, traumatiques et thérapeutiques, se complètent et s’agrègent.

Pour ce faire nous orientons le groupe ou le patient, en ralentissant le mouvement conditionné de l’énergie pour dilater les espaces d’automatismes qui perpétuent l’illusion de souffrance, et faire apparaître de nouvelles possibilités de compréhension, de ressenti, et d’action. Se met alors en place un phénomène de pendulation, une alternance entre des phases d’expansion et des phases de contraction, à l’image de vagues qui au fur et à mesure de leur déferlement réorganisent ce qui était resté désorganisé et ramènent le système à sa connexion fondamentale à l’élan vital.


A un moment donné ce qui appartenait au passé retourne au passé, et la conscience libérée des jeux de rejet et de complaisance peut vraiment faire l’expérience vraie et intense de la vie, traverser les hauts et les bas de l’existence dans la connexion à la présence inconditionnelle de l’être.


C’est ce que nous nommons enfin « Vivre le jeu de la Vie ! ».


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